Daniella Carmi avait hésité avant d’accepter notre invitation, et elle nous avait prévenu : elle a du mal à parler en public.

Daniella adore Paris d’où ses parents ont immigrés, en Palestine, entre les deux guerres. Quand elle éprouve le besoin de quitter son pays natal qui ne cesse de la décevoir et de l’inquiéter, ses pas la mènent vers Paris. Ses amis lui disent New York, le désert, la côte Amalfitaine ; elle répond : Paris.

En son honneur, nous avons organisé une petite fête entre amis au siège de l’Antilope. Nous imaginions Daniella trôner au milieu de tous, parler de ses livres, de La famille Yassine et Lucy dans les cieuxde ses combats pour l’égalité de tous en Israël.

Quand elle est arrivée, une vingtaine d’invités étaient déjà présents. Un peu paniquée par ces inconnus venus pour elle, Daniella s’est précipitée dans la cuisine. Elle a demandé du whisky, de la vodka, pour se détendre. Quand, une heure plus tard, nous lui avons proposé de gagner le salon où la quarantaine d’invités étaient réunis, elle n’a pas pu. Malgré l’alcool et tous les efforts du monde, elle était tétanisée. Elle a dit : « Si certaines personnes veulent venir me trouver à la cuisine, l’un après l’autre, je leur parlerai avec plaisir ». Alors elle a reçu toute la soirée dans la cuisine, émouvante, juste.

La veille, après la rencontre à la librairie la 25e heure, elle avait déclaré : « C’est merveilleux, j’ai l’impression d’être dans un film de Fellini ». Le lendemain matin, alors qu’elle voulait s’excuser de ne pas avoir pu sortir de la cuisine, Anne-Sophie a dit : « Tu n’as pas à t’excuser, tu as été vraie ».  Gilles a ajouté : « Ce sera une soirée inoubliable. On se serait cru dans un film de Woody Allen. »

Crédit photo : Annick Prime-Margules

 

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