Décès de Batia Baum, grande traductrice de littérature yiddish
Batia Baum nous a quittés le 24 juin.
Née en pleine Occupation, elle n’a jamais connu son père, fusillé par les nazis comme otage en mars 1942. Batia racontait que sa mère, résistante communiste, cachait des tracts dans son landau. Elle racontait également comment, dès l’enfance, elle a dû taire sa langue maternelle — le yiddish — qui, sous l’Occupation, aurait pu signer sa condamnation à mort.
C’est en partant de cette histoire dramatique que Batia a passé sa vie d’adulte à se réapproprier sa langue maternelle jusqu’à devenir l’une des plus grandes traductrices du yiddish en français, l’une des plus grandes passeuses des textes de cette littérature.
Batia incarnait à la fois la langue yiddish et la traduction. Toujours curieuse de découvrir de nouveaux textes, elle avait à cœur de les partager avec des étudiants de yiddish, ou de les traduire pour un plus large public.
Avant de proposer une traduction à un éditeur, elle pouvait passer des années à revenir dessus. Elle n’avait pas sa pareille pour établir un texte français d’une grande élégance tout en conservant le sentiment de la langue d’origine.
Batia Baum a traduit des dizaines de textes du yiddish. Parmi ses traductions les plus remarquables figurent Le chant du peuple juif assassiné, le chef-d’œuvre de Yitskhok Katzenelson, La Haridelle de Mendele Moykher-Sforim ou Ecrits I et II, Témoignage d’un Sonderkommando d’Auschwitz de Zalmen Gradowski.
Pour les éditions de l’Antilope, Batia Baum a traduit Entre les murs du ghetto de Wilno 1941-1943, l’impressionnant journal intime de l’adolescent Yitskhok Rudashevski, et Histoires des temps passés et à venir, des nouvelles du grand écrivain Y.-L. Peretz.
Nos condoléances vont à sa fille et à ses proches.