Pendant les vingt ans où il a travaillé à la Maison de la culture yiddish-Bibliothèque Medem, Gilles recevait régulièrement des cartons de livres. Des Juifs de Paris offraient les livres en yiddish de leurs défunts parents. Ces cartons contenaient souvent des romans de Hanan Ayalti, preuve que l’écrivain avait été très populaire dans le monde yiddishophone.

Le seul animateur de la Bibliothèque Medem à avoir lu tous ces livres est Yitskhok Niborski, son président, un fin connaisseur de la littérature yiddish.
Un jour, la traductrice Monique Charbonnel-Grinhaus, après avoir traduit quelques romans d’Israël Joshua Singer, a demandé à Yitskhok à quelle nouveau projet elle pourrait bien s’atteler. Monique est née à Paris quelques années avant la guerre, son père a été arrêté à Paris en 1941, interné au camp de Pithiviers puis déporté à Auschwitz. Elle a grandi dans le quartier de République. Yitskhok s’est dit que Tate un zun (Père et fils), le roman de Hanan Ayalti qui se passe justement à Paris en 1941 dans une famille juive immigrée de Pologne, était fait pour Monique.

Cela s’est passé au moment où nous étions en train de créer les éditions de l’Antilope. Du coup, Gilles est allé chercher sur les étagères de la Bibliothèque Medem un exemplaire du roman, il l’a lu, il a trouvé formidable cette histoire écrite en 1943, à chaud, qui ressemble tant à celles qu’il avait entendue dans sa famille. Et incroyable que, dès 1943, un écrivain yiddish ait raconté le quotidiens des Juifs à Paris sous l’Occupation.

Voilà donc comment Attendez-moi métro République (oui, oui, nous avons changé le titre, sacrés éditeurs…) est entré au catalogue de l’Antilope.

Pour la petite histoire, Ayalti, le pseudonyme de l’auteur, vient de l’hébreu Ayala (gazelle). De la gazelle à l’antilope, il n’y a qu’un saut…

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